M. Ian Brossat attire l’attention de Mme la ministre de la culture sur la réforme des diplômes d’État de danse envisagée par le ministère de la culture, ainsi que sur les préconisations de la mission « flash » sur la politique de la danse menée par la commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée Nationale rassemblées dans la proposition de loi n° 1149 enregistrée à la présidence de l’Assemblée nationale, visant à professionnaliser l’enseignement de la danse.
Elles visent à instaurer un diplôme d’État obligatoire pour les enseignants de hip-hop. Celles-ci soulèvent des inquiétudes importantes au sein du mouvement hip-hop français, emblématique des cultures urbaines et populaires, notamment à Paris et en Seine-Saint-Denis – les deux départements métropolitains avec le plus d’associations hip-hop.
Tout d’abord, la mise en place d’un diplôme d’État obligatoire soulève des préoccupations quant à son potentiel discriminatoire, notamment envers les enseignants de danse déjà en place ou les futurs professeurs. Il instaurerait une forme de sélection sociale, étant donné le coût et la durée d’une telle formation.
En outre, ce diplôme risque d’avoir un impact négatif sur la diversité et la créativité de la discipline, qui se caractérise par la place importante des danseurs autodidactes exclus par le référentiel de dispense envisagé. Les éventuelles restrictions imposées par ce diplôme contreviendraient aux engagements de la France en matière de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.
Par ailleurs, une telle réforme ne se justifie pas sur le plan pédagogique. Depuis ses débuts, la culture hip-hop s’organise de manière autonome afin de désigner danseurs et professeurs. Cette danse peut s’apprendre de mille manières, pour des finalités très diverses.
La culture hip-hop est attachée aux valeurs de l’éducation populaire. Elles ont permis le rayonnement des danses populaires françaises à l’international, sans qu’aucune étude de mauvaise qualité des enseignements ou de survenance d’accidents et de blessures physiques supérieure à la moyenne en danses contemporaine n’ait démontré la nécessité de sanctionner l’absence de diplôme des professeurs actuels, ceux-ci se formant de multiples manières.
À ce titre, le défenseur des droits a émis des recommandations sur le droit des enfants aux loisirs en novembre 2023, en soulignant les inégalités d’accès à la culture, et notamment la nécessaire prise en charge de la formation au brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur (BAFA) pour les encadrants, formation bien moins lourde et coûteuse que la formation au diplôme d’État (DE) de niveau bac + 3, qui permet à des jeunes d’encadrer des enfants à temps plein.
Enfin, les réflexions autour de cette réforme des diplômes d’État de danse interrogent sur la place donnée par le ministère aux acteurs concernés. L’absence de concertation avec les représentants de la culture hip-hop est manifeste.
Ainsi, il lui demande si elle compte répondre aux préoccupations du mouvement hip-hop et revenir sur le projet de mise en place de ce diplôme d’État afin de préserver la diversité et la créativité de cette culture urbaine et populaire.
[Question écrite au Gouvernement] Inquiétudes du mouvement hip-hop
ADRESSE SÉNAT
36, rue de Vaugirard – 75006 PARIS
ME SUIVRE SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX
© 2023 – Ian Brossat, Sénateur de Paris | Mentions Légales | Politique de confidentialité